RELATIONS HUMAINES ET EXEMPLARITÉ MANAGERIALE : UN SOCLE POUR L'ENTREPRISE

Entretien avec Cécile Bueno-Klein sur l’importance de la relation humaine dans le travail, le rôle des compétences psychosociales et l’exemplarité de la direction pour construire une culture d’entreprise saine et durable

Placer la relation humaine au premier plan : un enjeu pour les entreprises d’aujourd’hui

Entretien avec Cécile Bueno-Klein, psychologue du travail, coach et formatrice en relations humaines et management

Question : Vous affirmez que la relation humaine est au cœur de votre métier. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Réponse : C’est effectivement le fil rouge de mon activité. Dans mes accompagnements individuels comme dans mes interventions collectives, je pars toujours du principe qu’un travail ne se résume pas à une fiche de poste ou à des objectifs de performance. Ce qui fait tenir une équipe, ce qui permet à une personne de s’engager durablement dans son métier, c’est la qualité de la relation humaine qui se construit au quotidien. Écoute, confiance, respect, reconnaissance : ce sont des ingrédients fondamentaux pour la santé psychologique au travail mais aussi pour la réussite collective.

Question : Les relations de travail semblent de plus en plus fragilisées. Que constatez-vous sur le terrain ?

Réponse : Nous vivons une époque de fortes tensions. Les entreprises sont soumises à des changements rapides - réorganisations, transitions numériques, évolutions sociétales, qui impactent directement les relations. Cela peut générer du stress chronique, des conflits, du désengagement voire du burn-out.
En même temps, on observe une demande croissante des salariés : ils ne veulent plus seulement d’un emploi, ils attendent un environnement qui respecte leur équilibre, qui valorise la coopération et le sens. C’est un enjeu d’actualité majeur.

Question : Dans vos missions de coach et de formatrice, quels leviers travaillez-vous pour améliorer ces relations ?

Réponse : J’interviens beaucoup sur les compétences psychosociales, qui sont la clé de relations apaisées et constructives. On parle par exemple de l’écoute active, de la gestion des émotions, de la communication assertive, de l’empathie, de la coopération, de la gestion des conflits ou encore de la pensée critique. Ce sont des compétences qui ne sont pas « innées » mais qui se développent et s’entretiennent.
Avec les équipes et les managers, nous mettons en place des ateliers concrets, où l’on expérimente des outils de communication, de feedback constructif, ou encore de régulation des tensions. Cela redonne du souffle aux collectifs de travail et sécurise les personnes dans leur rôle.

Question : Cela suppose aussi un engagement de l’entreprise dans son ensemble, non ?

Réponse : Absolument. Si la direction n’est pas impliquée, tout cela reste cosmétique. Une culture d’entreprise véritablement humaine ne se décrète pas : elle se construit au plus haut niveau, avec des engagements clairs en faveur du respect, de la transparence, du droit à l’erreur, de la reconnaissance des personnes.
Mais au-delà de l’engagement, il y a une condition essentielle : l’exemplarité. Quand les dirigeants incarnent eux-mêmes l’écoute, le respect et la clarté qu’ils attendent de leurs équipes, le message devient crédible et mobilisateur. Les collaborateurs observent, imitent et s’autorisent à agir de la même manière. L’exemplarité est la pierre angulaire de la confiance et de la cohérence organisationnelle.

Question : Vous parlez souvent de « relations apaisées et constructives ». Que voulez-vous dire par là ?

Réponse : Une relation apaisée, c’est une relation dans laquelle chacun peut s’exprimer sans crainte d’être jugé ou sanctionné, où les tensions sont reconnues et régulées, pas étouffées. Une relation constructive, c’est celle qui permet d’apprendre, de progresser et de créer ensemble.
Cela demande des compétences individuelles - savoir écouter, communiquer, s’affirmer - mais aussi un cadre collectif qui encourage ces pratiques. Et c’est précisément le rôle du psychologue du travail : à la fois accompagner les personnes, soutenir les équipes, et sensibiliser les organisations à ces enjeux.

Question : En conclusion, quel message aimeriez-vous faire passer aux entreprises ?

Réponse : Que la relation humaine n’est pas un supplément d’âme mais le socle de toute réussite durable. Investir dans les compétences psychosociales, c’est investir dans la santé, l’engagement et la performance.
Et que tout commence par le haut : sans exemplarité de la direction, la culture d’entreprise reste un discours. Avec elle, elle devient une réalité vivante, inspirante et fédératrice.

© Lisa Sanchez Photographe - Portrait professionnel de Cécile Bueno-Klein, psychologue du travail, illustrant l’écoute et la relation humaine

Source(s) :
Auteur(s) : Cécile Bueno-Klein, Consultante Psychologue Spécialisée Travail